Freelances et entreprises : comment collaborer au mieux

Depuis plusieurs années, on assiste à l’essor du freelancing, en particulier de la « talent economy », le marché des profils à fortes compétences. Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place dans les entreprises pour attirer et travailler efficacement avec les meilleurs freelances ?

1/ Le freelancing, un marché en forte croissance

Le marché du freelancing devrait connaître une croissance de +11% d’ici 2026, pour atteindre une valeur de 2,2 milliards d’euros.

Tous les métiers sont concernés par cette forte croissance :

Le freelancing est boosté par :

• Une demande forte des entreprises face un marché de l’emploi tendu
• Une offre accrue avec de + en + d’actifs intéressées par les atouts de l’indépendance
• Un contexte facilitateur avec la digitalisation du travail et le télétravail

Pour les entreprises, faire appel à des freelances est une alternative au recrutement en CDI qui peut être un levier de compétitivité. En effet, dans un contexte de crises répétées (Covid19, guerre en Ukraine, inflation…), le recours aux freelances permet une plus grande agilité et flexibilité.

Pour les consultants indépendants, ce mode de travail permet une liberté dans le choix des missions, un équilibre vie professionnelle/vie privée et, dans une moindre mesure, une augmentation de la rémunération. De plus, le statut de freelance bénéficie maintenant d’une acceptation généralisée en tant que choix de carrière légitime et respectable.

La talent economy représente aujourd’hui 40% de la population des freelances.  45% de ces indépendants se projettent à long terme dans cette voie, contre 55% qui restent ouverts à un retour au salariat.

2/ Les étapes d’une intégration réussie

Pour faciliter l’intégration des consultants et l’exécution de la mission, quelques guidelines :

Avant la mission :

• Définir clairement les conditions de la mission : contexte et objectifs du projet, rôle spécifique du freelance, livrables attendus, planning, modalités de travail (distanciel/présentiel, temps plein/temps complet, lieu de travail…).
• Jouer la totale transparence et donner un maximum d’informations pour une meilleure réalisation du projet.

Onboarding :

• Mettre à disposition le matériel, ouvrir les accès (dossiers, logiciels) et autorisations nécessaires.
• Prévenir les équipes internes et organiser une réunion de démarrage de la mission.
• Prévoir un programme d’intégration efficace pour que le freelance rencontre toutes les parties prenantes du projet.
• Organiser des formations spécifiques si elles peuvent être utiles à la compréhension de l’entreprise ou de la mission.

Management :

• Intégrer le freelance comme un salarié à part entière (éviter les marques de différenciation).
• Faire confiance et laisser un certain niveau d’autonomie, le freelance étant recruté pour son expertise reconnue.
• Diffuser les compétences du freelance au reste de l’équipe en maximisant les interactions.
• S’appuyer sur les freelances : lorsque le freelance intègre un projet, il a un regard neuf et extérieur sur les process et le marché.

Offboarding :

• Réaliser un bilan de fin de mission pour évaluer la qualité du travail et de la relation et identifier des points d’amélioration.
• Payer rapidement pour que le freelance puisse travailler sereinement.
• Rester en lien pour intervenir sur une future mission. En fidélisant les freelances, l’entreprise s’appuie sur leur connaissance de l’entreprise, qui augmente leur efficacité.

3/ Quelles évolutions à prévoir dans les entreprises ?

Avec l’arrivée de consultants indépendants en son sein, les entreprises deviennent des écosystèmes ouverts, plus transversales et horizontales. Le rôle des équipes RH est central et s’enrichit en étendant leur maîtrise des canaux d’acquisition de talents.

Il est important de déployer une stratégie RH adaptée aux freelances : création de process spécifiques, sensibilisation des managers aux particularités des freelances, centralisation de l’information… De plus, optimiser la gestion des freelances passe par l’intégration de toutes les parties prenantes (RH, achats, finance, juridique, IT…) au process de recrutement pour valider la mission et le budget.

Dans les process de recrutements, cette nouvelle réalité du marché des talents implique de repenser :

• La fiche de poste : à orienter vers une fiche de mission, le consultant n’ayant pas vocation ç rester dans l’entreprise
• La seniorité : la priorité étant donnée à l’expertise, et non au potentiel, on peut recruter une personne plus senior pour une mission de freelance que pour un recrutement
• Le temps de travail : si la mission peut être effectuée en temps partiel, le coût moindre et permet de faire appel à des consultants plus expérimentés
• Le réseau de freelances : en les fidélisant pour les impliquer sur de nouveaux projets
• Le package salarial : fonctionner en taux journalier et jours d’activité permet aux opérationnels de mieux évaluer leur budget.

Un regard neuf, vecteur de nouvelles compétences, gage d’agilité et de flexibilité …le freelancing est un atout pour l’entreprise. Il mérite que les entreprises se réorganisent à tous les niveaux pour tirer le meilleur de ces talents.

Source : Livre blanc 2023 réalisé par le cabinet Roland Berger et One Man Support