L’essor du secteur du numérique freiné par les difficultés de recrutement ?
En 2022, près de 10% des emplois dans le numérique n’étaient pas pourvus. Dans le domaine de la cybersécurité, la situation est alarmante avec 75% d’emplois non pourvus en 2021, dans un contexte de risques cyber croissant. Pour rattraper ce retard, on estime qu’il faudra former 845 000 personnes d’ici 2030 pour pourvoir les 1,6 million d’emplois estimés (1).
Point de situation et solutions.
1. Top 5 des métiers en tension
Selon l’observatoire des besoins en formations et en compétences numériques de la Grande École Numérique (GEN), les principaux besoins en recrutement sont les métiers suivantes :
- Gestion et pilotage : Elle représente près d’un poste sur 4 disponibles dans le numérique. Le chef de projet digital est notamment très recherché.
- Sécurité, réseaux, cloud et télécoms : On y retrouve des métiers devenus incontournables pour toutes les entreprises : architecte cloud, expert sécurité IT, analyste cybersécurité, administrateur système d’information, etc. Avec le déploiement de la 5G, ce secteur va connaître un essor considérable, avec 100 000 emplois attendus d’ici 2027 en France.
- Développement, test et Ops : Les développeurs back et front-end, les ingénieurs DevOps, les spécialistes test et validation, ainsi que les architectes logiciel, sont les acteurs clés de cette famille de métiers. Elle concentre une offre d’emploi sur 5 dans le domaine numérique.
- Data, IA et IoT : Les métiers de la data et du big data (chargé de projet data, data engineer, développeur big data) sont les plus recherchés, suivis de près par ceux de l’IoT et de la robotique (architecte IoT, ingénieur logiciel en robotique). Les besoins en IA et machine learning sont également présents, mais dans une moindre mesure.
- Communication digitale, marketing et e-commerce : Avec la digitalisation croissante de l’économie et l’expansion des réseaux sociaux, de nombreux métiers du marketing se sont digitalisés. Responsable communication digitale, chargé e-commerce, community manager ou encore traffic manager sont très demandés.
2. Les talents cachés, un vivier à exploiter
Un ancien chauffeur poids lourds devenu Software Engineer chez Capgemini Engineering, ou une ancienne responsable RH devenue développeuse Cobol chez IBM. Des reconversions réussies qui ne doivent pas rester anecdotiques.
Car les talents sont à chercher partout : des professionnels issus de formation scientifique, littéraire, économique ou juridique ; des personnes éloignées du marché de l’emploi ; des mères de famille : le secteur du numérique offre de formidables opportunités pour les personnes en reconversion, sans forcément exiger des études supérieures scientifiques. De plus, le développement du no code et du low code va contribuer à décharger certains aspects techniques du travail, ouvrant ainsi au développement de nouvelles compétences.
Pour encourager cette dynamique, le gouvernement a créé la Grande École du Numérique (GEN) en 2015 et propose des formations qualifiantes de quelques mois. Des écoles spécialisées dans la tech voient également le jour telles que Simplon, Le Wagon ou OpenClassrooms pour accompagner cette transition professionnelle vers le numérique. D’ici 2030, les contingents en reconversion devraient passer de 30 000 à 55 000 personnes.
S’ouvrir à de nouveaux talents et promouvoir la reconversion sont des solutions pour combler les postes vacants. La reconversion est également l’occasion d’enrichir le secteur numérique avec des profils diversifiés.
3. La formation : la clé pour répondre à la demande
Pour répondre à la demande croissante des entreprises, il est impératif de doubler les capacités de formation. En 2022, 70 000 personnes ont rejoint les métiers du numérique, mais d’ici 2030, ce nombre devra passer à 130 000 par an. Pour y parvenir, l’Institut Montaigne recommande la mise en place d’un parcours de formation au numérique dès la classe de cinquième et une formation accréditée au numérique d’au moins 50 à 60 heures pendant le premier cycle des études supérieures. Ainsi, l’augmentation des capacités de formation et une approche éducative adaptée pourront permettre de répondre efficacement aux besoins du marché du numérique.
Aujourd’hui, les experts tech sont en position de force et les entreprises leur font des ponts d’or pour les recruter. Mais ces professionnels recherchent aussi et surtout des projets de qualité, des missions à forte valeur ajoutée, l’intégration des dernières technologies et une montée en compétences rapide. C’est pour cela que de plus en plus d’experts IT se lancent en indépendant, via le portage salarial par exemple, certains de trouver des missions qui leur conviennent et libres de travailler comme ils l’entendent.